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Comment habiterons-nous demain ?

Edition: 08-2025 Date: 25.08.2025

Thème: News, Wohnen im Alter & Mobilität


En 2040, une personne sur quatre en Suisse aura plus de 65 ans et près de 10% de la population plus de 80 ans, soit une proportion presque deux fois plus élevée qu’aujourd’hui.

En outre, la population suisse pourrait atteindre 10 millions d’habitants d’ici à 2040 avec des conséquences sur l’habitat et le territoire. C’est la raison pour laquelle la Confédération a soutenu six projets innovants dans le cadre du thème « Changement démographique, concevoir l’habitat de demain ». Tous ont pour objectif de trouver des solutions afin d’améliorer les conditions de logement et de vie des seniors dans des communes particulièrement concernées par le vieillissement démographique. Ils contribuent à la réalisation des objectifs de développement durable définis dans ce domaine.

Le groupe de travail habitat et mobilité de la FARES a examiné ces projets-modèles à Lausanne, Genève, Bâle et Hasliberg, ainsi que dans les cantons du Tessin et des Grisons. Nous vous les présentons ci-après :

Pro Senectute Vaud et la Ville de Lausanne sont en train de créer des logements pour seniors dans le quartier sous-gare, d’une part en démolissant puis en reconstruisant un bâtiment vétuste, d’autre part en réaménageant des appartements existants. Des visites régulières de l’assistance sociale auprès de certains habitants ont été mises en œuvre afin de s’enquérir des besoins de soutien. Des rencontres et des groupes de promenade ont été organisés par Pro Senectute dans le but de mettre en place un réseau de relations intergénérationnelles pour l’aide de voisinage. Une partie du projet-modèle a été transférée avec succès à la commune de Gland. En outre, la ville de Lausanne a développé un projet d’échanges d’appartements avec la Société Immobilière Lausannoise pour le logement, qui s’adresse à la population âgée et aux familles.

Ne faudrait-il pas planifier des logements pour quatre générations plutôt que pour deux ou trois comme actuellement ? L’Association pour l’habitat à quatre générations du canton de Genève prévoit de construire un bien immobilier avec des éléments modulables : grâce à un aménagement flexible de l’espace habitable, il sera possible de procéder à des adaptations simples en fonction de l’âge. L’Association recherche un terrain pour concrétiser le prototype de logement intergénérationnel qu’elle a développé selon une approche interdisciplinaire et participative.

Le quartier « Westfeld », sur un ancien site hospitalier bâlois, habitat coopératif à mixité sociale comprend 530 logements pour 1’200 personnes dans différentes phases et situations de vie avec des espaces de rencontre pour toutes les générations. Outre les formes d’habitat classiques, la coopérative a innové avec des appartements de type « cluster » pour personnes âgées, c’est-à-dire de petits logements réunis par des espaces communautaires. Début 2023, les premiers locataires ont emménagé, des entreprises de restauration et des magasins ont ouvert, des activités et offres sont en cours. L’achèvement complet de Westfeld est prévu pour début 2027 avec la deuxième étape de construction.

Au centre du village de la commune de montagne de Hasliberg (BE), est prévue la construction par une coopérative d’habitation de deux maisons intergénérationnelles (construites avec du bois local) offrant des petits appartements sans obstacles à des prix abordables et des espaces communs. Un « réseau de soutien » local visant à mettre en réseau des services tels que les soins à domicile, l’aide du voisinage et le bénévolat sont également prévus. La coopérative d’habitation entame désormais les étapes légales nécessaires en vue de la construction.

Confrontées au départ des jeunes et au manque de logement pour les personnes âgées, 17 communes des régions de l’Albula et de Prättigau/Davos ont développé des stratégies de logement qui favorisent l’installation de la génération des plus de 55 ans, prolongent la durée de résidence des plus de 65 ans et permettent à la génération des plus de 80 ans de déménager dans des endroits mieux desservis. Grâce à cette démarche, les besoins de la génération des plus de 70 ans ont été mis en évidence ainsi que les conséquences concrètes de la loi sur l’aménagement du territoire et de la loi sur les résidences secondaires pour les petites communes de montagne.

Sur différents sites au Tessin, une caisse de pension a placé le logement pour les personnes âgées au cœur de sa stratégie de développement immobilier. L’équipe de projet a identifié les besoins de la population en termes de logement et de mobilité, ainsi que de services essentiels. Des mesures concrètes visant à promouvoir la qualité de vie, la cohabitation entre les générations et un logement adapté aux besoins dans l’environnement urbain ont également été définies. Grâce aux enseignements tirés de ce processus, la caisse de pension dispose désormais d’une base lui permettant d’investir dans l’immobilier de manière durable sur le plan social, écologique et économique. Le projet tessinois a permis de sensibiliser sur le rôle important des caisses de pensions, grands propriétaires immobiliers.

Conclusion
Grâce à son évaluation, la Confédération a tiré les principaux enseignements suivants :

Comme mentionné dans le rapport de l’Office fédéral du développement territorial, un logement sans obstacles, un bon accès aux services et transports publics de même qu’une architecture qui rende possible les relations sociales, constituent des aspects importants. Les relations de voisinage, les réseaux de soutien intergénérationnels et les visites de référents sociaux jouent un rôle central pour la vie sociale des aînés et l’aide dont ils pourraient avoir besoin dans leur vie quotidienne.

Un large spectre de formes d’habitat ont été testées allant de l’habitat intergénérationnel à la conception d’espaces d’habitation flexibles en passant par des communautés d’habitation pour personnes âgées ou encore des logements protégés proposant divers services.

Les propriétaires, qu’il s’agisse de caisses de pension ou de propriétaires privés, doivent être sensibilisés. Il convient d’impliquer suffisamment en amont les principaux acteurs clés. La réussite de tels projets repose en effet sur une collaboration interdisciplinaire entre autorités, professionnels, société civile et personnes âgées elles-mêmes, via des approches participatives. Des offres appropriées incitant les seniors à quitter un logement devenu surdimensionné pour leurs besoins ont globalement des effets positifs sur la consommation de surface et l’environnement. Des défis subsistent : ressources limitées, objectifs trop ambitieux, complexité des processus, exigences élevées, ou encore tensions entre durabilité écologique et coût abordable. Les enjeux environnementaux (énergie, surfaces, matériaux) doivent en effet être conciliés avec l’accessibilité financière des logements. Enfin, le bénévolat et la sensibilisation du public apparaissent comme des leviers essentiels pour pérenniser les initiatives. La réussite de tels projets repose aussi sur une coopération étroite entre les acteurs, une bonne visibilité et une gestion réaliste des ressources et des attentes.

Eliane Rey, déléguée de l’UREV à la FARES, membre du groupe de travail logement et mobilité de la FARES, déléguée au Conseil suisse des aînés, a. Conseillère municipale, Lausanne